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MARIE-DIDACE

perdre sa petite. « Je suis déjà assez punie comme c’est là. Il y aura donc jamais de paix pour moi », se dit-elle, tandis que le médecin passait à l’officine. Par la porte entr’ouverte, elle le vit glisser les panneaux de verre d’une armoire occupant un pan de mur, puis en tirer, l’un après l’autre, deux bocaux qu’il approcha de ses yeux myopes, les lunettes levées, afin de lire sur l’étiquette la nature du contenu.

— Allez-vous me préparer un vin, fer et bœuf ? demanda Alphonsine.

— Non, un remède meilleur que ça, pour calmer tes nerfs, et qui va te renforcir en même temps, répondit le docteur, tout en enlevant, avec la queue de son frac, la poussière sur la bouteille.

Plus tard, son cauchemar se répétant par périodes de plus en plus rapprochées, elle en avait de nouveau entretenu le docteur. Mais lui-même en avait parlé à l’Acayenne qui, jouissant d’une bonne santé, ne pouvait admettre les malaises des autres.

— Elle crie pas plus que ma botte, avait-elle répondu. Vous savez ben, docteur, que c’est toutes des imaginations qu’elle se fait.

Plus pour la rassurer que pour la railler, le docteur avait dit à Phonsine :

— Sais-tu, ma fille, si j’étais que toi, je me remarierais. Ça te guérirait sûrement.