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MARIE-DIDACE

— Quant au reste, monsieur le curé, j’ai toujours fait pour bien faire, au meilleur de ma connaissance…

Le curé se recueillit avant de représenter Dieu, la vérité éternelle, auprès de l’homme simple qui se mourait, son ami. Il chercha au plus profond de sa foi et de son amitié les mots avisés afin de toucher ce cœur franc, mais pas facile d’accès. Les paroles coulèrent paisibles et fortes, de la bouche du prêtre, comme l’eau, patiente et sereine, d’une belle rivière, tantôt sinueuse, tantôt droite, sans tumulte, sans remous, assurée de se confondre bientôt à la mer. Didace ne sentait plus son mal. D’abord ramassé sur lui-même, il écouta. Peu à peu, un baume purificateur se répandit en lui, l’allégeant du poids de ses fautes. Puis il devint semblable à un tout petit enfant dont la main repose dans la main d’un plus grand que lui et qui se laisse conduire en toute tranquillité, sans s’inquiéter de la route. Soudain, il se redressa. Le front haut, il semblait humer l’erre de vent, en contemplation devant une volée d’oiseaux voyageant vers le nord. Didace Beauchemin voyait le bon Dieu, Dieu le Père, des saintes images dans le livre de prières et, à sa droite, la Sainte Vierge, drapée dans un pan de ciel clair, avec des étoiles d’or piquées en auréole. Un peu à l’écart, c’était Mathilde qui lui souriait ? Sûrement ! Non