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MARIE-DIDACE

l’étable, la Saint-Michel sonnée. Sous le poil jaune et rude de ses sourcils embroussaillés perla une grosse larme qui, après être restée suspendue un moment à la courte frange des cils, se mit à rouler sur le vieux visage ravagé de douleur.


***

Après le départ du prêtre, Didace ne voulut point se coucher avant d’avoir vu son fusil accroché à la poutre du plafond. Ensuite, il se laissa encanter dans le lit, parmi les oreillers. Les femmes lui passèrent une chemise propre. Au-dessus du linge blanc, la grosse face brûlée de soleil et de vent parut encore plus brune. Puis il demanda à rester seul. Mais à tout instant, elles entrebâillaient la porte pour s’enquérir de ce qu’il pouvait avoir besoin.

À la cachette, Marie-Didace alla le retrouver sur la pointe des pieds.

— Beau pe-père ! dit-elle en lui passant les mains sur la figure. T’es beau, pe-père, mais t’as le visage cordé !

Puis elle s’en fut à la grange et en revint avec un petit canard éclos, la veille, d’une deuxième couvée, la première ayant manqué.