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MARIE-DIDACE

— Je suis venue par occasion. Ils doivent m’attendre sur la grève. Il faut qu’on retourne avant la noirceur.

Les enfants insistèrent :

— Restez, ma tante !

— Je peux pas : j’ai laissé le cheval et la voiture chez le commerçant de Sainte-Anne.

Voyant que Phonsine avait à lui parler, Marie-Amanda s’offrit à la reconduire, un bout, vers le bord de l’eau. Elle avançait lentement, avec précaution, afin de ne pas trébucher dans les trous que les rats musqués avaient creusés au printemps. À tout moment, Phonsine se retournait ou faisait un bond, comme une bête traquée.

Un engoulevent se laissa choir, rapide, vertical, pour mieux happer sa proie. Puis, de la tête des ormes, une nuée d’étourneaux s’envola.

Marie-Didace battit des mains :

— Ma tante ! un mariage d’oiseaux !

Marie-Amanda, lui sourit :

— Ils s’abandent pour partir.

Puis, se tournant vers Alphonsine et montrant l’enfant :

— Tu pourrais bien nous la laisser une couple de jours. Ludger ira la ramener à Sainte-Anne.

Marie-Didace fut la première à protester :

— Non, j’aime mieux aller retrouver me-mère.