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MARIE-DIDACE

— Pèse fort, plus fort, implora l’Acayenne.

De nouveau la main enfila l’ouverture. Les yeux fermés, la jeune femme, frémissante de dédain, recommença à frotter le dos nu. Elle frictionnait à sa force la peau que l’âge avait épaissie. Le grain en était lâche, et la graisse molle, sans résistance, formait de petites boursouflures. Une odeur fade s’en dégagea.

D’un mouvement d’épaule, l’Acayenne signifia qu’elle en avait assez. Phonsine se sentit malade. Le cœur sur les lèvres, elle courut au dehors.

* * *

Durant la nuit, Phonsine fit deux fois son mauvais rêve : elle tombait dans le puits, avec sa tasse, et Marie-Didace que l’Acayenne poussait. Plutôt que d’avoir de nouveau le cauchemar, elle resta assise sur son lit, en pleine obscurité, le cœur faible, à demi inconsciente, à attendre le jour. Lorsque les premières lueurs dansèrent à l’orient, Phonsine se recoucha.

À son réveil, le soleil brillait. Elle eût volontiers dormi encore, mais il lui fallait se lever. Dans sa tête lourde, elle dut chercher pourquoi. Ah ! oui,