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MARIE-DIDACE

l’Acayenne était malade. Sans bruit, afin de ne pas éveiller Marie-Didace, elle se rendit à la chambre de sa belle-mère.

— Êtes-vous mieux ? demanda-t-elle, par l’entrebâillement de la porte.

Seul le cliquetis de l’horloge emplissait la cuisine. Phonsine alluma le poêle. Tout lui demandait un effort. Au lieu d’aller droit au bûcher, à la boîte à allumettes, elle tâtonnait pour venir à bout de les trouver.

— Prendriez-vous une bouchée ?

L’Acayenne devait entendre. Elle devait être éveillée.

Intriguée, Phonsine pénétra dans la chambre. Bien qu’il n’y fît pas clair, l’ordre lui parut y régner, sauf qu’un bas noir gisait par terre, près du lit ; l’autre gardant l’empreinte du pied large et épais de l’Acayenne, pendait encore au montant de la chaise.

— Dormez-vous ?

Pas l’ombre d’un souffle.

— Vous dormez ?

Prise de panique devant le silence effrayant, Phonsine chercha à arracher la chape à la fenêtre, mais sa main affolée ne réussit qu’à en décrocher un pan. La lumière que les liards jaunissants rendaient éblouissante entra brusquement dans la pièce.