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MARIE-DIDACE

« Pour que ceux du Chenal du Moine recommencent à lui trouver tous les vices de la création ? Pour qu’on reprenne le procès de ses moindres agissements ? Pour qu’on s’empare de sa mort comme d’une proie grotesque et qu’on l’examine en tous sens ? Aïe ! neveurmagne ! Quoi c’est que ça te donnerait ? » Rien, puisque pour Angélina, il n’aurait toujours qu’un nom : le Survenant.

Sans s’en apercevoir elle avait marché jusqu’au presbytère.

— Monsieur le curé ? demanda-t-elle.

— Tu t’adonnes mal, pauvre Angélina, répondit la ménagère qui était aussi la sœur du prêtre, mon frère le curé est allé donner un coup de main au curé de Saint-Aimé qui est malade — répète-le pas, — mais pas mal malade. Je l’attends pas avant tard dans la soirée. Tu peux toujours t’asseoir. Amuse-toi, amuse-toi, insista la ménagère contente d’avoir quelqu’un avec qui causer.

Angélina s’assit sur le bord du fauteuil, se raidissant de toute sa volonté pour ne pas trahir son chagrin.

— Avais-tu affaire à lui privément ? Parce que si c’est pour la dîme, je peux la recevoir aussi ben comme lui.

— Non, je voulais faire dire une basse messe pour l’Acayenne.