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MARIE-DIDACE

— Ben non, répondit doucement l’Acayenne. Le père Didace me l’a acheté en présent.

Phonsine pâlit. Le cœur serré de rancune et de chagrin, elle alla s’asseoir sur la pierre du perron. « De quelle sorte de race de femme était donc l’Acayenne, pour se faire tout donner ainsi du père Didace ? Elle était capable d’avoir inventé quelque chimère. »

Dire que c’était elle, Phonsine, qui portait le prochain Beauchemin et qui ne cédait à aucun caprice. Avec tendresse, elle pressa contre son cœur le petit coupon de finette.

Au large des îlets, de lentes fumées grises se déchiquetaient à la cime des arbres. Au-dessus du chenal, une sarcelle rameuse, égarée du volier, ramait, ramait d’un vol bas, soucieux. Le colporteur, le dos arrondi par le faix, s’éloignait sur la route. Une rafale s’éleva. La poussière s’enroula autour de l’homme et finit par le dérober à la vue.

Didace approchait. Pour ne pas le regarder, quand il passa près d’elle, Phonsine fit semblant de ramasser un objet. La terre, à ses doigts, était chaude comme en plein cœur d’été.