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MARIE-DIDACE

s’échappaient des voix de femmes raillant d’un ton joyeux le conducteur du cortège.

Le soir, les hommes s’assemblèrent à la barrière, sur le sol battu, pour causer et fumer, à la lueur de la lanterne. Pierre-Côme voulait parler de politique ; mais les propriétaires de Maska ne s’en laissaient point remontrer aisément.

— Réciprocité… réciprocité… tant que tu voudras. Avant les élections c’est : donne-moi un œuf, je te donne un bœuf. Mais après, mes vieux, c’est une autre chanson : donne-moi un bœuf, je te donne un œuf.

— T’es rouge, t’es rouge. On est bleu, on est bleu. Essaye pas de nous faire revirer notre capot.

D’autres maquignonnaient.

— Si je te cède ma pouliche en échange de ton gris, combien que tu me donnes de retour ?

— Un coup de pied à la bonne place.

— Aïe, Pierre-Côme ! C’est-il ça, la réciprocité ?

Didace s’entretenait avec des chasseurs :

— Ça se comprend qu’il y ait pas grand’chasse. L’eau est haute comme en printemps. Les canards ont resté au rang de Rimbault où il y a encore du sarrasin. Apparence que les habitants de par là en tuent, par centaine, en plein jour, sans grouiller de chez eux.