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MARIE-DIDACE

j’ai fait tout mon possible pour te faire comprendre que c’était pas de ta compagnie que je voulais. C’était à toi de comprendre. » Puis, alors…

Angélina se mit à pleurer.

— Pleure pas, lui dit Marie-Amanda, les larmes aux yeux. Tu pourras plus parler…

— Alors, reprit Angélina, de sa grande main en étoile, il m’a repoussée loin de lui, pour m’ôter de son chemin. Te dire si je me suis débattue contre moi ? J’ai compris que si j’acceptais ma honte une première fois, je l’acceptais pour tout de bon. Au jour, le bruit d’une charrette à foin m’a réveillée. Odilon marchait à côté. J’ai juste eu le temps de m’écraser dans la coulée. Heureusement, qu’il m’a pas aperçue. Quoi c’est que Pierre-Côme Provençal aurait pensé ? Là, à genoux dans la rosée et à bout de mes forces, j’ai demandé au bon Dieu qu’il y ait un changement entre nous deux, le Survenant puis moi. Il m’a exaucée. Mais pas comme je le voulais.

La voix brisée de douleur, elle acheva :

— J’aurais peut-être pas dû.

— Parle pas de même, lui reprocha Marie-Amanda, scandalisée. C’est mal ! Sais-tu ce qui t’aura été épargné de malheur ? Peux-tu le dire ?

Pour l’entraîner au large de son chagrin, elle lui demanda :

— Tu lui en as jamais reparlé de cette nuit-là ?