Page:Guaita - Rosa mystica, 1885.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
21
préface

C’est ici un autre ordre de confusion et d’obscurité. De telles tares ne sont heureusement pas fréquentes en son livre.

Je pense, au reste, qu’en reprenant trop filialement les traditions d’Edgar Poë et de Baudelaire, M. Rollinat a mis, en son œuvre macabre, beaucoup de lui. Le curieux poëme : « La Peur » me semble le type le plus achevé où se révèle sa conception particulière du fantastique — du « fantomatique », pour parler son langage. C’est la maladive hallucination d’un rustique énervé. — Rustique, M. Rollinat l’est assurément, et ses tableaux campagnards ne sont pas de ses compositions les moins frappantes et personnelles. Il a le sens très intime des choses de la nature qu’il peint à merveille, et plusieurs sont d’accord pour voir, dans cette intelligence spéciale, le meilleur de son talent.

À côté de Baudelaire, nous avons nommé M. Leconte de Lisle ; c’est que tous deux partagent vraiment ce royal privilège d’être sans cesse imités, jamais atteints, et je dis « atteints » aux deux sens où l’on peut entendre ce mot.