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rosa mystica

originalité est d’avoir su rendre moderne cette pure langue classique, aux délicates nuances, au clair timbre de cristal — et de l'avoir harmonieusement adaptée à la reconstruction dramatique d’un monde disparu.

Sur la belle terre d’Hellas — alors que, sous les coups du Christianisme adolescent, agonise le culte des anciens dieux — A. France nous peint la lutte de l'Amour et du Devoir, dans le cœur d’une vierge chrétienne, fiancée par son père à un païen, mais condamnée par un vœu maternel au célibat sacerdotal. Daphné ne trahira ni l’engagement pris par sa mère, ni le serment des fiançailles : elle s’empoisonne et passe l’heure suprême dans les bras de son amant :

« Ce que j’ai fait est fait, et ces choses sont bonnes.
« Sachez par moi combien l’amour a de pouvoir,
« Retenez ce qu’hélas ! je vous donne de voir,
« Et contez mon malheur, pour que jamais les mères
« N’obligent leurs enfants à des noces amères
« Et pourtant je vivrais, si Dieu l’avait voulu !
« La terre me faisait accueil ; il m’aurait plu,
« Près de l’époux, assise au foyer, douce et fière,
« De nourrir un enfant sous la sainte lumière
« Et de le voir éclore à des souffles d’amour…
« Voici l’aube innocente, amis ! Voici le jour.
« Menez-moi, menez-moi sur la colline rose…

. . . . . . . . . . . . . . . . . .

La grâce décente de l'Hellade antique revit toute en