Page:Guerne - Les Siècles morts, I, 1890.djvu/100

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III

Comme un feu protecteur tous les soirs allumé,
Dont la fuite assombrit la nuit opaque et morne,
Les astres désertaient le ciel accoutumé.

Du nord jusqu’au midi l’obscurité sans borne
Roule sinistrement l’épaisseur de ses flots
Où la lune qui meurt plonge sa double corne.

Le vent s’apaise, tombe, et ses âpres sanglots
Ont cessé de répondre au grondement vorace
Des lions affamés au fond des antres clos.

Et le Perath, autour des remparts qu’il embrasse,
Sous les palmiers rugueux coule, à travers la nuit,
Vers la cité superbe aux jardins en terrasse.

Sur les murs assiégés rien ne bouge ou ne luit.
Aucun soldat, debout au seuil des citadelles,
Ne jette un cri d’alarme et ne veille. Nul bruit.

Lourds de viande et de vin, les archers infidèles
Dorment, dans leurs manteaux, près des portes de fer
Que les chauves-souris frôlent de lents coups d’ai