Page:Guerne - Les Siècles morts, I, 1890.djvu/165

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Sisera confiant s’endormit devant elle :
Mais elle a pris la masse ainsi qu’un ouvrier.
Chantez ! la tempe éclate et le sang chaud ruisselle ;
Le pieu qu’elle enfonça tremble au front du Guerrier !

Ta mère, ô Sisera ! qui s’inquiète et veille,
Monte sur le toit plat de sa haute maison,
Interroge, regarde et prête en vain l’oreille
Au bruit des chars de fer roulant à l’horizon.
—- Pourquoi mon premier-né, depuis des jours sans nombre,
A dit ta mère en pleurs, par le chemin connu,
Avec ses chariots retentissant dans l’ombre,
Vers les murs d’Haroscheth n’est-il pas revenu ? —
— Le Chef s’attarde, ô mère ! ont répondu les femmes,
A choisir son butin, à charger son trésor,
Les robes aux longs plis, la pourpre aux fines trames,
Les tissus colorés où brillent des fils d’or,
Les vierges d’Israël, aux lèvres amoureuses,
Qui laissent sur leurs seins flotter leurs cheveux bruns,
Celles qu’il conduira, dans ses chambres joyeuses,
Vers le lit nuptial, au milieu des parfums ! —

Qu’ainsi tes ennemis tombent sous ta Victoire,
Seigneur ! Mais dans les temps ton Elu surgira,
Comme un soleil levant qui monte dans sa gloire ! —

Tels, le soir, ont chanté Baraq et Debora.