Page:Guerne - Les Siècles morts, I, 1890.djvu/205

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Pleure, Ierouschalaïm ! Phagorî Hebrôn, pleurez !
Sommets du Libanon, où les vents altérés
Se parfumaient d’amour dans vos cèdres sublimes,
Pleurez ! Desséchez-vous, flots de la Mer de Sel !
Des neiges du Hermon aux rochers du Karmel,
Le souffle du Seigneur a couru sur les cimes.

C’est Lui qui s’est dressé comme un juge irrité,
O Maison d’Iaqob ! pour ton iniquité.
Il a rompu ta corne ; il a rasé la terre,
Et n’a laissé debout ni le toit du berger,
Ni le cep infécond, ni l’arbre du verger,
Ni la borne oubliée en un champ solitaire.

C’est l’Éternel, le Fort, le Juste et le Jaloux.
Car lui seul a brisé les mâchoires des loups,
Rogné l’ongle du tigre et le bec du vorace,
Dans la mer suspendue englouti par milliers
Les bœufs et les chevaux avec leurs cavaliers
Et frappé Miçraïm dans son Prince et sa race.

Le Seigneur a foulé les tribus sous son char ;
De Moab à Thêman, de Rabbath à Qédar,
La rumeur de l’angoisse emplit les mornes plaines.
Édom ! pourquoi brûler comme un tas de bois sec !
Où sont tes pavillons, ô mur de Dammeseq,
Et tes jardins en fleur, au bord de tes fontaines ?