Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/169

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Partout, autour de lui, de longues avenues
Que des Sphinx de granit bordent sur le côté,
Gardiens muets et sourds de tombes inconnues,
Immobiles témoins de l’immobilité.

Dans la ruine au loin surgissent des pylônes,
Des portiques, des murs lisses, des blocs confus ;
Solitaire, massif, marbré de lèpres jaunes,
Un escalier géant encombré d’anciens fûts.

Sur les degrés où croît l’ombre des obélisques,
Dans un repos rigide, impassible et dormant,
Le front coiffé du pschent ou couronné de disques,
Tout un peuple de Dieux songe éternellement.

Horus enfant, debout près des Hâpis énormes,
Vers le Soleil nouveau tend son col d’épervier,
Et la Vache mystique, Isis aux triples formes,
Se dresse au même rang que l’immortel Bouvier.

Sur les hautes parois symboliques et peintes,
En cortège sacré, se déroulent encor
Dans l’ordre primitif les processions saintes
Des justes Akhimous traînant la Barque d’or.

Parfois, derrière ceux qui venaient de Judée,
Des vautours, assoupis sur de grands chapiteaux,
Relevaient tout à coup leur tête dénudée,
Et des chacals fuyaient entre les piédestaux.