Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/235

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VI

Ils venaient. Plus nombreux que sur les toits fidèles
Les matins printaniers n’assemblent d’hirondelles,
Ils venaient, les Élus, les Serviteurs choisis,
Au banquet nuptial où l’Agneau s’est assis,
Boire avec Lui le vin des ineffables noces.
Et tous, blancs, couronnés de floraisons précoces,
Devant l’Époux divin, prêt au mystique hymen,
Chantaient : — Alleluïah ! Salut et gloire ! Amen ! —

Et comme armé déjà pour le combat suprême,
Sur un cheval guerrier l’Agneau parut lui-même.
Le glaive à deux tranchants et la verge de fer
Hors de sa bouche font jaillir un double éclair.
Son nom : Le Roi des rois, resplendit sur sa cuisse.
Il va. Derrière Lui la céleste milice
S’ébranle tout entière et soulève en passant
Une poussière d’or dans le ciel frémissant.
Un Ange le précède et par trois fois s’écrie :
— Assemblez-vous, oiseaux ! venez pour la tuerie !
Venez des bois profonds, des rocs, des monts lointains,
Pour la fête prochaine et les sacrés festins
Que le Vainqueur prépare à vos becs sanguinaires,
Chair des rois, chair des forts, chair des légionnair