Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/245

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Je vois, Hermogénès, les miroirs de tes rêves,
Vaporeux et ternis par un souffle incertain.
Qu’un jour, un seul instant, un oublieux destin,
Imprudent nautonier, hors des routes fixées
Précipitant l’essor des sphères embrasées,
Heurte le globe errant a ces astres déserts
Qu’un mouvement céleste emporte dans les airs,
La Terre, Hermogénès, impuissante et fragile,
Se brisera soudain comme un vase d’argile ;
Et le vent de l’abîme, avec les noirs limons,
Les champs et les forêts, les rochers et les monts,
Les flots échevelés et la nature entière,
De tous ces Dieux épars balaiera la poussière.
Mais Lui, l’éternel Dieu que j’adore en esprit,
L’Être primordial dont la parole ouvrit
Les gouffres du néant où tout s’agite et tombe,
Mon Dieu, toujours vivant dans l’azur ou la tombe,
Par-dessus les débris des mondes, par-dessus
L’embrasement final des cieux qu’il a conçus,
Par-dessus les cités, les Athènes, les Romes,
Les temples, les tombeaux et les cendres des hommes,
Planera dans les temps et dans l’éternité.


PRAXILLA.

S’il triomphait, hélas ! adieu joie et beauté !


THÉOPHANÈS.

Oui ; mais sur le sépulcre a fleuri l’espérance.