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nous essayer contre les faibles. Aux armes ! Et vous, mon oncle, reposez-vous, vous en avez grand besoin. Guillaume ne fit que rire de cette proposition.

— Eh ! sire Bertrand, fit-il, dites-moi donc des injures ! Cela ne vous avancera pas à grand’ chose ; car par Saint-Pierre, pour tout l’or de Montpellier, je ne consentirais pas à ne pas être au premier rang à l’attaque.

Quand les Romains entendirent ce langage, le plus poltron parmi eux devint courageux ; les mécréants n’ont qu’à se bien tenir.

De son côté le roi Galaffre dit à ses hommes :

— Notre perte est trop grande. Il paraît bien que le Dieu des Chrétiens est plus puissant que le nôtre, puisqu’un tel homme a pu vaincre Corsolt. Allons, pliez les tentes et retirons-nous. Pourquoi attendre que les Romains viennent nous exterminer tous, tant que nous sommes ?

À cet ordre vingt-cinq trompettes sonnèrent, et l’armée découragée se mit en mouvement. Le comte Guillaume, ayant remarqué le tumulte, dit aux siens :

— Nous viendrons trop tard, les païens mécréants prennent la fuite. Au nom du Christ ! courons après eux.

Les Romains se mirent en marche, poussant de grands cris. Guillaume était au premier rang. Ils atteignirent les païens dans une gorge de la montagne, et le combat s’engagea aussitôt. Que de têtes, que de bras coupés ! Le comte Bertrand fit payer cher sa présence. Lorsque sa lance a volé en éclats, il tire son épée, et celui qu’il en atteint, il le pourfend jusqu’au menton ; les hauberts ne résistent pas plus qu’un fétu. Il donne et reçoit maint coup ; Guibelin et Gautier de Toulouse suivent son exemple. Mais Guillaume est plus terrible qu’eux tous.

Le roi Galaffre l’aperçoit et se rue sur lui. Leurs épées descendent sur les heaumes brunis ; ils rompent les mailles des hauberts et leurs côtés sentent le fer tranchant. Dieu et Saint-Pierre, dont il était le champion, garantirent le comte