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pareille. Guillaume l’aurait prise à femme, si une autre aventure ne l’en eût empêché.

Le mariage allait s’accomplir ; par un dimanche, quinze jours après Pâques, qu’on était rassemblé dans l’église, le Pape avait revêtu ses habits pontificaux pour chanter la messe, et tenait entre ses mains l’anneau nuptial, lorsque deux messagers arrivèrent en toute hâte de France. Ils s’enquirent de Guillaume et le trouvèrent enfin au pied de l’autel. Ils se jetèrent à ses pieds et lui dirent :

— Pour l’amour de Dieu, ayez pitié de nous ! Vous avez donc oublié le roi Louis ? L’empereur Charles vient de mourir, laissant l’empire à son fils ; mais les traîtres veulent l’en priver et couronner le fils de Richart de Normandie. La France entière sera déshonorée, si vous ne lui venez en aide.

À ces paroles Guillaume baissa la tête, puis se tournant vers le Pape, il lui demanda conseil.

— Que la main de Dieu soit bénie, répondit le Pape ! Je vous ordonne, en guise de pénitence, d’aller secourir notre seigneur le roi Louis ; ce serait un malheur, si on le chassait de son héritage.

— Il sera fait comme vous l’ordonnez, répond Guillaume. Puis il embrasse la dame, et tout en pleurs elle lui rend son baiser. Ce fut le premier et le dernier ; ils ne devaient plus se revoir de leur vie.

— Monseigneur Guillaume, dit le Pape, il convient que vous retourniez en la douce France ; mais vous emmènerez avec vous mille chevaliers et trente chevaux de somme chargés d’or et d’argent. Vous y avez droit, puisque vous avez tout conquis sur les Sarrasins.