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IV.


Saint-Martin de Tours.


Guillaume prit congé du pape en pleurant sur le sort de son seigneur. Au départ toute la cour fut en pleurs. Le comte voyagea à grandes journées ; il gravit à grand’peine les défilés du Montjeu et fit tant qu’enfin il arriva en Brie. Là il rencontra sur son chemin un pélerin à la barbe blanche, la besace au cou, et tenant à la main un bourdon de frêne.

— D’où viens-tu, frère ? lui demanda Guillaume.

— De Saint-Martin de Tours.

— Si tu sais quelques nouvelles, raconte-les nous.

— Certes, beau sire, je vous dirai ce qui est arrivé au jeune Louis. Charles, le roi de Saint-Denis, est mort, et il a laissé son royaume à son fils. Mais les traîtres, que Dieu maudisse ! veulent faire couronner le fils de Richard de Rouen à la barbe blanche. Heureusement un noble abbé, que Dieu bénisse ! s’est sauvé avec le jeune prince et l’a caché dans un souterrain du moûtier de Saint-Martin, où ils attendent l’heure du martyre.

— Que Dieu nous vienne en aide, dit le comte ! Pélerin, que sont donc devenus les chevaliers fidèles et le lignage du preux comte Aymeric ? Ceux-là avaient coutume d’être fidèles à leur seigneur.

— Je n’en sais rien. Mais par la croix du Christ ! si j’étais d’une condition à pouvoir être utile à mon prince, j’aurais châtié les traîtres, de manière qu’ils ne se fussent plus souciés de trahir leur seigneur !

Un sourire illumina les traits du comte, et s’adressant à son neveu Bertrand :

— As-tu jamais entendu, lui dit-il, un pélerin aussi