Page:Guillaume d’Orange, le marquis au court nez (trad. Jonckbloet).djvu/125

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
122

Quand les traîtres qui étaient les auteurs de la rebellion, se voient menacés, ils pensent à fuir. Ils galopent vers les portes ; mais à chacune ils trouvent un rude portier qui les force à payer tel tribut, qui les empêchera de jamais porter les armes pour qui que ce soit.

Le comte Guillaume excite les siens du geste et de la voix, et à leur tête il arrive devant l’hotel du bourgeois Bertier, où Acelin est assis sur le perron, entouré de ses chevaliers, bien supérieurs en nombre à ceux de Guillaume. Il était si orgueilleux et si fier qu’il ne daigna seulement pas se lever. À la vue de ses ennemis il sonna d’un cor, et à ce signal le carnage commença. Bertrand et Gautier amènent du secours au comte. Que de lances sont brisées, que d’écus percés, que de hauberts démaillés !

Quand les hommes d’Acelin virent que Guillaume avait le dessus et que la résistance serait inutile, ils jetèrent leurs épées à terre et crièrent merci en levant leurs mains jointes. Le comte les fit entourer et lier.

Alors Acelin, délaissé de tous les siens, se met à fuir. Le comte Guillaume le suit de près, et lui crie en ricanant :

— Seigneur Acelin, arrêtez ! Venez donc vous faire couronner dans la cathédrale. Vous l’avez bien mérité ; car certes, tout le monde vous tient pour traître.

Puis changeant de ton :

— Traître, mauvais larron que Dieu confonde ! dit-il, pourquoi voulais-tu déshonorer ton seigneur légitime ? Richard, ton père, ne porta jamais couronne.

En ce moment il fut rejoint par Bertrand à la longue épée.

— Beau neveu, lui dit-il, conseillez-moi, comment détruirons-nous ce traître ?

— Bel oncle, faisons comme vous avez dit ; mettons lui au chef une couronne dont le poids l’étouffe.

Et il brandissait sa longue épée. Il était sur le point de fendre le crâne au traître sous les yeux de cent chevaliers, lorsque son oncle le retint.