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cependant j’ai confiance en ma bonne épée, et Dieu aidant, j’en viendrai à bout. Alors nous nous en irons, tout à notre aise. Si je te ramène à Orange, tu seras traité magnifiquement.

Baucent, qui comprit ce qu’il lui disait, hennit comme pour lui répondre.

Le comte devint tout joyeux quand il sentit son cheval si alerte.

Il raccourcit les rênes et éperonna Baucent, puis mettant en arrêt une forte lance au fer aigu, il s’élança sur l’ennemi. Maintenant que Dieu le protége ; car il aura à soutenir un combat terrible, et s’il en sort vivant, il pourra dire que jamais homme n’eut tel bonheur.

Si l’on veut entendre chanter des hauts faits, qu’on fasse silence et qu’on se tienne tranquille ; jamais personne n’entendra une chanson meilleure.

L’ennemi s’est divisé en deux groupes : sept cavaliers restent en place, et les huit autres s’avancent vers Guillaume. Ce sont Matemart et le roi Gasteblé, Ajax, Tempesté, Baufumé, le neveu de Desramé, Aenron et son fils Aenré, enfin le roi Cadroé. Ensemble ils frappent le comte et quoiqu’ils le blessent en maint endroit, ils ne parviennent pas à l’abattre de son cheval. C’était comme s’ils se fussent heurtés contre une tour.

De son côté Guillaume asséna à Matemart un tel coup, que son armure n’y résista pas ; il lui perce le cœur et le jette mort. Puis retirant à lui sa lance, il la dirige sur un autre qu’il tue de même. À ce coup sa lance vola en éclats.

„Monjoie !” s’écrie le comte, et tirant Joyeuse à la poignée incrustée d’or, il en porte un coup furieux à Tempesté sur le sommet du heaume ; il en abat les pierres précieuses et les fleurons, coupe en deux le cercle qui l’entourait, et lui fend le crâne. Du revers il coupe la tête au quatrième assaillant. Alors Aenron s’élance vers lui, l’écu