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cou et la lance au poing. Car si j’ai les cheveux blancs, mon cœur est encore hardi. S’il plaît à Dieu, j’aiderai mon enfant. Et quand je serai à cheval, l’épée à la main, malheur au Sarrasin que je rencontrerai, quelque vaillant qu’il soit. C’est pour leur ruine que ces Turcs et ces Persans sont entrés dans le pays.

À ces mots un sourire vint se mêler aux larmes du comte Aymeric et de ses fils. Le cœur de Guillaume déborda ; il ne put s’empêcher de dire toute sa pensée à ceux de France.




IX.


Frère et Sœur.


Il était bien fait pour inspirer la crainte à cette cour. Ses vêtements étaient déchirés, ses chausses noires et son linge taché. Une forêt de cheveux se hérissait sur sa tête ; il avait le nez fort et les narines larges ; entre ses deux yeux il y avait la distance d’une paume ; il était de haute stature et avait la poitrine large, le pied cambré et la jambe bien faite. Il paraissait plus grand et plus fort qu’homme vivant, et sous son manteau il étreignait toujours son épée.

Il lança un regard furieux à sa sœur, qui était assise auprès du roi son époux, une couronne d’or sur la tête. Il la regarda avec colère ; tout pâle, les moustaches hérissées, la tête rejetée en arrière, il dit d’une voix forte :

— Louis, Sire, tu soldes mal mon compte. Quand la cour fut assemblée à Aix et que Charlemagne, au déclin