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I.


Le ban du roi.


La fête fut splendide en la salle à Laon ; les tables furent richement servies, il y eut quantité de poisson, de volaille et de gibier. Seul Guillaume n’en mangea pas ; au grand étonnement des barons du roi il se contenta d’eau claire et de pain sec.

Après dîner, quand les serviteurs et les écuyers eurent enlevé les nappes, Guillaume, s’adressant au fils de Charlemagne, lui dit :

— Avez-vous pris une résolution ? Me secourrez-vous contre la race de Mahomet ? L’armée devrait déjà être à Châlons.

— Nous en causerons, répondit Louis ; et demain matin je vous ferai savoir si j’irai ou non.

À ces mots Guillaume devint rouge comme un charbon ardent ; ses moustaches se hérissèrent de fureur.

— Comment diable, dit-il, notre querelle va-t-elle recommencer ? Jouons-nous la fable du taureau et du mouton ? Il est difficile de contraindre un félon à tenir sa parole.

Il se baissa pour ramasser un bâton qui gisait à ses pieds ; puis le présentant au roi, il lui dit :