Page:Guillaume d’Orange, le marquis au court nez (trad. Jonckbloet).djvu/342

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
339

qu’ils en virent couverts les monts et les vallées ; tout l’Archant en était rempli.

Aussitôt les Sarrasins et les Persans se ruèrent sur les nouveaux venus ; mais Renouard en tua tant avec sa pesante massue qu’aucun jongleur ne pourrait vous le dire. Il y eut bientôt tant d’Arabes couchés par terre qu’on pouvait à peine se frayer un passage à travers les cadavres.

Alors Renouard cria aux jeunes gens :

— Armez-vous, mes enfants ; voici assez d’armes, choisissez à votre gré.

Ils furent bientôt armés, après quoi Bertrand dit :

— Seigneur, il ne me manque plus qu’un cheval. J’ai fortement à cœur d’aller secourir mon oncle.

— Un peu de patience, dit Renouard, bientôt vous en aurez un qui sache marcher, et tous vos cousins chevaucheront après vous.

En ce moment un païen s’avança vers lui, armé de pied en cap. Renouard leva son pesant tinel et lui en porta un coup sur le heaume. Dorénavant heaume ni cuirasse ne lui serviront plus à sa défense, car la massue le broie sur la selle et fracasse en même temps l’échine du cheval. Cavalier et coursier ne font plus qu’un monceau de chair sanglante.

Quatre autres ennemis ont le même sort ainsi que leurs chevaux.

— Vraiment, dit Bertrand, si vous continuez à frapper ainsi, je n’aurai pas de cheval ma vie durant.

— Vous n’avez pas de patience, repliqua Renouard. Je vous jure que c’est bien malgré moi ; mais mon tinel est pesant, et quand il descend, le coup est formidable. Vous aurez un cheval, ne vous impatientez pas. En voici venir un, léger comme le vent, sous ce Turc bruyant.

La lance du cavalier arabe transperça un des chrétiens.

— Arrête ! lui crie Renouard, tu as tué mon homme, je t’en punirai.