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Dieu ! je n’ai que faire de vos grands mots. Je passerai la mer et j’assemblerai mon lignage et les Sarrasins ; il y aura plus de cent mille hommes, je leur ferai passer la mer et je reviendrai dévaster Orange et raser Gloriette. Je me ferai couronner à Laon et je t’emmènerai prisonnier ; je t’abreuverai de honte et je reduirai les tiens à la mendicité. Ôte-toi d’ici, je n’ai que faire de tes paroles.

Et là-dessus il brandit sa perche. Le comte n’osa s’approcher de lui, mais il pria Guibor d’intervenir ; et la comtesse alla se jeter aux genoux de Renouard, implorant sa merci.

— Renouard, mon ami, lui dit-elle, pardonne-nous ce méfait en souvenance de ce que je t’ai armé dans ma chambre. Si tu me refuses, jamais je ne me lèverai d’ici.

Les larmes vinrent aux yeux de Renouard, qui lui répondit :

— Dame, j’ai lieu de vous aimer ; je dois donc vous accorder votre demande, et par amour pour vous je pardonne à Guillaume ses méfaits. De toute ma vie vous ne m’en entendrez plus parler.

Le comte Guillaume et toute sa suite l’en remercièrent avec effusion ; mais il ne voulut plus en entendre parler.




VIII.


L’incognito levé.


On s’en retourna. Dans Orange on sonna les cloches en l’honneur de Renouard et un festin fut bientôt organisé. À table le preux Renouard fut placé à côté du noble