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de leurs mains, et le comte Bernard ne resta point en arrière.

On lui mit les chausses de fer, blanches comme les fleurs des prés ; puis Bertrand lui attacha les éperons. Ensuite il endossa le haubert tout ouvragé en mailles dorées ; un anneau est rivé à l’autre, ce qui fait que l’armure est en mailles doubles. Il n’y a homme si grand d’ici jusqu’à Balegué pour lequel cette cotte ne fût trop longue de trois pieds et trop large d’une toise ; mais elle alla parfaitement à la taille de Renouard.

On lui laça sur le chef un heaume étincelant, orné de pierres précieuses ; au sommet il y avait une escarboucle et une topaze sur le nasel ; le cercle qui l’entourait était orné de pierres non moins précieuses. Le heaume lui-même est d’une bonne trempe ; un coup de n’importe quelle arme ne l’entamerait pas. On le lui fixa sur la tête au moyen de trente lacets.

Le comte Guillaume lui ceignit l’épée au côté ; elle était longue, large et trempée d’un acier excellent : jamais roi ou émir n’en eut de meilleure.

Puis il lui donna un coup sur le cou en lui disant :

— Tiens, Renouard, que Dieu te donne bonté, valeur et prouesse !

— Amen ! répondit Renouard.

Alors on lui amena un destrier, noir comme une mûre, mais avec des côtés blancs et les pieds de devant de même ; il avait la jambe fine, le sabot rond, la croupe large et portait la queue haute ; aucune fatigue ne pouvait couvrir ses flancs de sueur. Il avait nom le Margari et était né dans un pays étranger qu’on appelle l’Arcagne.

Il portait une selle d’ivoire et le frein, ainsi que le poitrail, était couvert d’or. Le cheval était admirablement bien harnaché.

Renouard y monta par l’étrier gauche, pendant que le renommé Bertrand lui tenait l’autre ; il pendit à son cou un écu où étaient figurés quatre lions d’or. On lui apporta