Page:Guillaume d’Orange, le marquis au court nez (trad. Jonckbloet).djvu/375

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abbé, s’ils me prennent mon cheval.... Il n’y en a pas de meilleur sous la chape du ciel pour porter un chevalier en la bataille. Quand on le pique des éperons d’acier, il dépasse en vitesse faucon ou épervier. Je le conquis sur le fier Aerofle auquel je coupai la tête avec mon épée.... S’ils me le prennent, je sens que j’enragerai.

— Donnez le sans faire résistance et sans vous courroucer, dit l’abbé, car vous n’avez pas le droit de vous battre.

— Et s’ils me prennent mes gants ?

— Ne faites semblant de rien et donnez-les en riant.

— Au contraire, repartit Guillaume, j’en serai bien marri, et par l’apôtre saint Jacques ! avant de les donner je saurai leur répondre ; ils mourront tous de ma main.... Et s’ils me prennent mes bottes, mon froc, mes vêtements, faut-il le souffrir, et dois-je me laisser battre ? Oh ! être battu, voilà une vilaine chose, et si je le souffre, que ma gorge soit maudite ! Si les larrons me prennent mes vêtements, je vous jure par saint Pierre, que je les pendrai par la gueule.... Et s’ils me prennent mes culottes ?

— En ce cas vous avez le droit de résister. Défendez-vous, et faites leur tout le mal que vous pourrez, mais ne vous servez que d’os et de chair.

— Je suis content que vous m’ayez permis cela. Et je vous jure par le corps de saint Hilaire, que s’ils me font rien dont j’aie le droit d’être mécontent, ils me trouveront méchant. Ce serait une honte qu’ils me fissent ôter ma culotte, et avant qu’ils l’aient, plus d’un larron criera merci, si Dieu me laisse mes bras.