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— Qui sont ces nobles hommes ? Et leur chef qui cherche à contenir cet enragé ?

— C’est le comte Aymeric, sire, répondit un chevalier, qui arrive avec tous ces barons pour servir dans votre maison. Ce jeune homme à la pelisse grise, aux cheveux blonds et au clair visage, c’est Bernard, l’aîné de ses sept fils. Et celui qui tient son épée nue à la main, c’est Guillaume, le plus vaillant preux qui soit sur terre. Si vous réussissez à le retenir en France, vous aurez la paix pour toujours ; car il n’y a homme vivant qui osât vous prendre un seul pied de terre.

À cette nouvelle l’empereur devint tout joyeux. Il s’avança aussitôt vers le comte Aymeric avec une mine riante et l’embrassa en lui disant :

— Sire Aymeric, voilà un grand service que vous me rendez en venant à la cour. Je jure Dieu que vos fils seront chevaliers sous peu ; je les ferai armer avec les meilleures armes de tout le pays.

— Je vous remercie, sire, dit le comte. Il vous serviront à votre gré, et moi autant qu’eux ; je vous en donne ma parole.

Là-dessus il ne fut plus question de l’altercation qui avait eu lieu, et l’on oublia la victime.

Tout joyeux de l’arrivée d’Aymeric et de ses fils, l’empereur reprit sa marche vers l’église, précédé par cinquante estafiers qui fraient un chemin au cortège au travers de la foule. L’église était parsemée de fleurs et de menthe, et les voutes retentirent du son des flûtes et du chant. Mainte relique fut exposée en ce jour, et l’abbé de Besançon chanta la messe. Toute la cour déposa des offrandes magnifiques sur l’autel ; Charles à lui seul donna mille pièces d’or.

Après la messe on se mit à table, et le dîner fini, on fit une chasse à l’ours ; enfin on se mit à causer et à jouer, et les jongleurs entonnèrent leurs chants.

En ce moment un étranger, un Breton, fendit la presse et entra dans la salle. D’une grandeur démesurée, avec