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VIE DE PEPIN-LE-VIEUX.

Mais l’année accomplie, cet illustre chef, ce véritable père de la patrie, sortit des choses de ce monde[1]. Sa mort accabla l’Austrasie d’une telle douleur qu’elle en fit paraître un deuil dont n’approche point le deuil de la mort des rois ; car ç’avait été un homme de vie très-honnête, très-pur de renommée, demeure de sapience, trésor de sages avis, gardien des lois, borne où se terminaient les querelles, rempart de la patrie, honneur des conseils, le modèle des ducs et l’instruction des rois, qui, si à l’exemple du saint homme Job, il eût voulu célébrer ses propres louanges, aurait pu, en toute vérité et exempt de blâme, dire, au nom de la sagesse dont il était abondamment rempli : « Les rois régnent par moi, et c’est par moi que les et législateurs ordonnent ce qui est juste[2]. »

Afin qu’on ne prenne pas ces faits de la vie du bienheureux duc pour quelque composition nouvelle, il ne sera pas hors de propos de rassembler ici, sous les yeux du lecteur, en témoignage de sa sainteté, les expressions textuelles insérées en divers lieux dans les faits et gestes des Francs. Les voici telles qu’elles sont. « Depuis le moment où Dagobert commença à régner jusqu’au temps dont je parle, usant des conseils de Pépin, maire du palais, et du bienheureux Arnoul, évêque de la ville de Metz, il conduisit avec tant de bonheur l’administration des affaires du royaume d’Austrasie, qu’il obtenait de tous les peuples des louanges infinies. » Et un peu plus loin : « Après la mort du bienheureux Arnoul, il usa encore des conseils de Pépin, maire du palais, et de

  1. En 639.
  2. Prov. chap. 8, v. 15.