Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas m’abandonner. » Ayant été pris, on le conduisit au Capitole, et, abandonné par les deux prêtres, il fut emmené seul. Se voyant ainsi délaissé, on raconte qu’il fit cette prière : « Seigneur Jésus-Christ, exauce-moi du haut de ta sainte demeure ; que cette Église n’obtienne jamais d’avoir un évêque pris entre ses citoyens. » Nous savons que jusqu’à présent sa prière a été exaucée. Attaché à la queue d’un taureau en fureur, et précipité du haut du Capitole, il termina sa vie. Gatien, Trophime, Strémon, Paul et Martial, vivant dans une éminente sainteté, après avoir gagné les peuples à l’Église et répandu partout la foi chrétienne, moururent en confessant paisiblement le Seigneur. Ceux qui sont sortis du monde par la voie du martyre, et ceux qui sont morts sans trouble dans leur foi sont unis dans le royaume des cieux.

Un de leurs disciples, étant allé dans la ville de Bourges, annonça aux peuples le Seigneur Jésus-Christ, sauveur de tous. Un petit nombre d’hommes ayant cru en lui furent ordonnés prêtres, et apprirent de lui la sainte liturgie. Il leur enseigna de quelle manière ils devaient construire une église et célébrer les fêtes du Dieu puissant ; mais comme ils n’avaient que peu de ressources pour bâtir une église, ils demandèrent, pour en faire une, la maison d’un citoyen. Les sénateurs[1] xli et les premiers du lieu étaient

  1. Le mot senator n'a point, dans Grégoire de Tours et les écrivains de cette époque, une signification unique, précise et constante ; il désigne tour à tour : 1° les familles qui avaient été élevées par les Empereurs à la dignité de membres du sénat romain. Il y en avait un grand nombre dans toutes les provinces, et surtout dans la Gaule narbonnaise. Tous ceux qui avaient occupé les principales magistratures de l'Empire, ou obtenu seulement de l’Empereur le titre honoraire de ces magistra-