Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Gontran. Waroch le fit comme elle le lui demandait d’où il fut manifeste que c’était avec la connivence de cette femme que Beppolène avait été tué et l’armée détruite.

La religieuse Ingiltrude qui, comme nous l’avons raconté dans les livres précédens, avait établi un monastère de filles dans la cour de la basilique de Saint-Martin, étant tombée malade, institua sa nièce abbesse, ce qui fit beaucoup murmurer le reste de la communauté ; mais, sur nos réprimandes, ces murmures cessèrent. Ingiltrude, toujours brouillée avec sa fille parce qu’elle lui avait enlevé ses richesses, adjura ceux qui l’entouraient de ne lui permettre de prier ni sur son tombeau, ni dans le monastère qu’elle avait institué. Elle mourut, à ce que je crois, dans la quatre-vingtième année de sa vie, et fut ensevelie le 9 du premier mois[1]. Sa fille Berthegonde vint à Tours ; mais, n’ayant pas été reçue, elle alla vers le roi Childebert, le sollicitant de permettre qu’elle gouvernât le monastère à la place de sa mère. Le roi, oubliant le jugement qu’il avait rendu en faveur de sa mère donna à Berthegonde un autre ordre corroboré de sa propre signature, portant la permission de se mettre en possession de tout ce qu’avaient eu son père et sa mère, et d’emporter tout ce qu’Ingiltrude avait laissé au monastère. Elle, arrivée avec cet ordre, enleva tout le mobilier du monastère, en telle sorte qu’elle ne laissa à peu près rien dans les murs dépouillés. Elle rassembla des hommes coupables de divers crimes, et enclins à tous les tumultes : ils emportèrent tous les fruits venant des autres métai-

  1. Mars