Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/113

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tombé avec lui si son vicaire ne l’eût promptement embrassé par les jambes. Théodulf tombant sur la pierre, se rompit les os et les côtes, et vomissant le sang avec la bile, il rendit l’esprit. Il était adonné au vin et abandonné à l’adultère.

Les scandales que le diable avait élevés dans le monastère de Poitiers croissaient tous les jours en iniquité. Chrodielde ayant rassemblé autour d’elle, comme nous l’avons dit, des meurtriers, des sorciers, des adultères et des gens coupables de plusieurs autres crimes, se tenait toujours prête à exciter quelque émeute ; elle leur ordonna une nuit de faire irruption dans le monastère et d’en tirer l’abbesse. Lorsque celle-ci entendit le tumulte s’approcher, tourmentée, comme elle était, des douleurs de la goutte, elle se fit porter devant la châsse de la sainte croix, afin d’en obtenir assistance. Ces hommes étant entrés allumèrent un flambeau de cire, et les armes à la main, courant de côté et d’autre dans le monastère pour la chercher, ils entrèrent dans son oratoire, où ils la trouvèrent prosternée à terre devant la chasse de la sainte croix. Comme l’un d’eux, plus méchant que les autres, s’approchait de l’abbesse, tout prêt au crime, pour la couper en deux avec son épée, un autre, par le concours, je crois, de la divine Providence, le frappa d’un coup de couteau ; il tomba à terre baigné dans son sang, et ne put accomplir le projet conçu dans sa pensée insolente. Cependant Justinexxvi, prieure du couventxxvii, aidée des autres sœurs, ayant éteint le flambeau, cacha l’abbesse sous la couverture de l’autel placé devant la