Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/115

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paroles, Chrodielde envoya sur-le-champ vers ses spadassins et leur dit : « Si on tente de l’enlever de force, frappez-la sur-le-champ de vos épées. »

En ces jours-là Flavien, récemment nommé domestique, était à Tours, et par son secours l’abbesse entra dans la basilique de Saint-Hilaire, et s’y cacha. Sur ces entrefaites il se commit des meurtres au sépulcre de sainte Radegonde, et plusieurs furent tués par les séditieux devant la chasse de la sainte croix. L’orgueil de Chrodielde augmentant chaque jour les fureurs de la sédition, les révoltés commettaient de continuels massacres, et, comme nous l’avons raconté, beaucoup d’autres crimes ; et l’arrogance de Chrodielde croissait de telle manière qu’elle regardait sa cousine Basine du haut de sa grandeur ; celle-ci commença à se repentir, disant : J’ai erré en suivant l’orgueilleuse Chrodielde, et voilà que j’en reçois des mépris et que je vis en rébellion avec mon abbesse. Et étant revenue à son devoir elle s’humilia devant l’abbesse, lui demandant la paix, et elle la trouva dans un même esprit et une même volonté. Une nouvelle rumeur s’étant élevée, les serviteurs qui accompagnaient l’abbesse résistèrent à la sédition élevée par la bande de Chrodielde et frappèrent un des serviteurs de Basine qui tomba et mourut. Alors ils se réfugièrent, à la suite de l’abbesse, dans la basilique du confesseur, et là-dessus Basine quitta l’abbesse et s’en sépara. Mais les serviteurs s’étant échappés par la fuite, elles se remirent en paix comme auparavant. Il s’éleva ensuite de grandes inimitiés entre leurs diverses troupes. Quelles paroles pourraient jamais donner l’idée de tant de plaies, de tant de meurtres, de tant de maux ! À peine se