Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/127

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son ennemi et traître au pays, et chargea le duc Ennodius de la poursuite de l’affaire. Sa première question fut celle-ci : « Dis-moi, ô évêque ! comment t’est-il venu à la pensée d’abandonner le roi, dans la ville duquel tu jouissais des honneurs de l’épiscopat, et de te lier d’amitié avec le roi Chilpéric, qui s’est toujours montré l’ennemi du roi notre seigneur, qui a tué son père, condamné sa mère à l’exil, envahi son royaume ? et comment as-tu obtenu de lui des propriétés venant des dépouillés du fisc dans les villes que, comme nous l’avons dit, il a soumises à sa puissance par une injuste invasion ? » Il répondit à cela : « Je ne puis nier que je n’aie été ami du roi Chilpéric ; mais cette amitié n’a rien engendré contre les intérêts du roi Childebert. J’ai obtenu les métairies dont tu parles par des chartes de ce roi. » Alors les chartes furent produites publiquement, et le roi nia qu’il les eût accordées. On fit appeler Othon, alors référendaire, et dont, après l’avoir examinée, on croyait reconnaître la signature. Il vint et nia avoir signé. Sa main avait été contrefaite dans ces diplômes. L’évêque fut donc trouvé d’abord faussaire en ce point. Après cela on produisit des lettres écrites à Chilpéric, contenant beaucoup de choses injurieuses contre Brunehault. De même il y en avait d’autres envoyées par Chilpéric à l’évêque, et dans lesquelles, entre autres choses, on trouvait ces paroles : « Lorsque la racine n’est point coupée, la tige qui s’élève sur la terre ne sèche point. » D’où il est manifeste que le sens de ces paroles est qu’il fallait venir à bout de Brunehault pour accabler ensuite son fils. L’évêque nia que ces lettres eussent été envoyées