Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/130

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans le trésor de l’évêque un poids considérable d’or et d’argent, ce qui vendit des profits de son iniquité, et on le porta au trésor royal ; ce qu’on y trouva des tributs et autres choses appartenant à l’église, y fut laissé.

Dans ce synode, Basine, fille du roi Chilpéric, qui, comme nous l’avons dit, avait été, ainsi que Chrodielde, séparée de la communion, se jeta aux pieds des évêques, demanda pardon, promettant de rentrer dans le monastère pour y vivre en charité avec l’abbesse et de ne transgresser en rien la règle. Chrodielde protesta que tant que l’abbesse Leubovère resterait dans ce monastère, elle n’y entrerait jamais ; mais le roi pria qu’on leur pardonnât à toutes deux, et ainsi elles furent reçues à la communion et envoyées à Poitiers, Basine pour rentrer dans le monastère, comme nous venons de le dire, et Chrodielde dans une maison des champs qui avait appartenu à défunt Waddon, duquel nous avons déjà parlé, et que le roi lui avait concédée.

Les fils de Waddon parcouraient le territoire de Poitiers commettant divers crimes, des meurtres et beaucoup de vols. Quelque temps auparavant ils étaient entrés de force chez des marchands, et dans l’obscurité de la nuit, les avaient fait périr par le glaive et leur avaient enlevé leurs marchandises. Ils tuèrent encore, le faisant tomber dans un piège, un autre homme revêtu de la puissance tribunitienne[1] xxxiv et s’emparèrent

  1. Vir tribunitiœ potestatis ; le sens des mots tribunus, vir tribunitiœ potestatis, à cette époque et dans les États barbares, a été, parmi les savants, le sujet de nombreuses contestations qu’ils se seraient épargnées s’ils n’avaient pas prétendu donner à chaque fonction un nom spécial,