Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/138

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naissance, donna beaucoup de présens, et obtint sa place. Arrivé à l’épiscopat, il renvoya tous ceux qui avaient tenu le parti de son prédécesseur, et fit faire tout le service de la maison épiscopale par des hommes de sa nation. Sulpice, évêque de la ville de Bourges, mourut aussi, et Eustace, diacre d’Autun, fut élevé à son siège.

Il s’éleva entre les habitants de Tournai et les Francs une grande discorde, parce que le fils de l’un d’entre eux reprenait souvent avec colère le fils d’un autre, qui avait pris sa sœur en mariage, de ce qu’il laissait sa femme pour des prostituées. Ces emportemens ne réussissant pas à faire revenir l’autre de sa mauvaise conduite, ils allèrent à ce point que le jeune homme se jeta sur son beau-frère, et le tua avec l’aide des siens ; il fut tué lui-même par les gens avec lesquels était venu son ennemi, et des deux troupes il n’en resta qu’un seul qui avait manqué d’ennemi pour le frapper. Les parens des deux côtés s’élevèrent alors les uns contre les autres. Plusieurs fois la reine Frédégonde les pressa de renoncer à leur inimitié et de faire la paix, de peur que, de l’obstination de leurs querelles, il n’advînt de plus grands désordres. Mais ne pouvant les apaiser par des paroles de douceur, elle les réprima avec la hache. Ayant invité un grand nombre de gens à un festin, elle les fit asseoir tous trois sur un même banc. Lorsque le repas se fut prolongé un certain temps, comme la nuit obscurcissait la terre, les tables emportées selon la coutume des Francs, les convives demeuraient assis sur le banc où ils avaient été placés, et après avoir pris beaucoup de vin, tout le monde en