Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/17

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ses à l’oreille du roi Gontran, qui ayant secrètement envoyé, des messagers au roi Childebert, lui fit connaître tout ce qui se machinait contre lui ; et lui fit, dire : Hâte-toi promptement pour que nous nous voyions, car il y a des choses à faire. Et Childebert s’étant informé avec soin des faits qu’on lui avait appris, et reconnaissant qu’ils étaient véritables, ordonna que Rauchingue fût mandé près de lui. Lorsqu’il fut arrivé, le roi, avant de lui commander de paraître en sa présence, donna des ordres par écrit, et envoya par les charrois publics[1] ix des serviteurs, chargés d’aller saisir ses biens dans les divers lieux où ils se trouvaient. Alors il ordonna qu’on l’introduisit, dans sa chambre à coucher, et après lui avoir parlé de chose et d’autre, lui donna ordre de sortir de sa chambre. Comme il sortait, deux des gardiens de la porte le saisirent par les jambes, et il tomba sur les degrés de la porte, de manière qu’une partie de son corps était en dedans, et l’autre étendue au dehors. Ceux qui, d’après les ordres du roi, s’étaient préparés à exécuter sa volonté, tombant alors à coups d’épée sur Rauchingue, lui hachèrent tellement la tête que tout ce qui en resta semblait de même matière que sa

  1. Evectione publica. Presque toutes les propriétés des sujets Francs, les alleux comme les bénéfices, étaient assujetties à l’obligation de fournir des moyens de transport et des denrées, soit aux envoyés du roi, soit à ceux qui se rendaient auprès de lui pour quelque service Public. Cette obligation est formellement consacrée par les lois barbares, entre autres par la loi des Ripuaires (Tit. 65, § 3). On rencontre à chaque pas, dans les écrits du temps, des exemples de son accomplissement, et Marculf (L. I, c. 2) nous a conservé la formule par laquelle les rois réglaient ce qui devait être fourni à leurs envoyés par les propriétaires des terres qu’ils avaient à traverser.