Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/18

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cervelle. Il mourut sur-le-champ. Après quoi on le, dépouilla, on le jeta par la fenêtre, et il fut porté à la sépulture. C’était un homme vain dans ses manières, poussant au-delà des bornes communes aux hommes, la cupidité et l’avidité du bien d’autrui, orgueilleux de ses richesses, tellement qu’au temps de sa mort il se disait fils du roi Clotaire. On trouva sur lui beaucoup d’or. Dès qu’il fut tué, un de ses serviteurs vola rapidement annoncer à sa femme ce qui s’était passé. Elle s’avançait alors à cheval à travers les rues de la ville de Soissons, couverte de joyaux et de pierres précieuses, brillante de l’éclat de l’or, et précédée et suivie de plusieurs serviteurs. Elle se rendait à la basilique de saint Crépin et saint Crépinien, pour y entendre la messe, car c’était le jour de la passion de ces bienheureux martyrsx. Voyant ce messager, elle retourna sur ses pas par une autre rue, jeta ses joyaux à terre et se réfugia dans la basilique de l’évêque saint Médard, pensant se mettre en sûreté sous la protection du saint confesseur. Les serviteurs envoyés par le roi pour se saisir des biens de Rauchingue, trouvèrent dans ses trésors plus de richesses qu’on n’en aurait pu trouver dans les coffres du trésor public, et les apportèrent sous les yeux du roi. Le jour où il fut tué, il y avait près du roi plusieurs habitants de Tours et de Poitiers. Si lui et ses complices avaient pu commettre le crime qu’ils avaient projeté, ils comptaient les livrer aux tourments, et dire : « C’est un de vous qui a tué notre roi ; » en sorte qu’après les avoir fait périr par divers supplices, ils se seraient donnés pour vengeurs de la mort du roi. Mais le Dieu tout-puissant fit évanouir leurs iniques projets, et accomplit