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CHRONIQUE

sur Théodebert, il remettrait au pouvoir de Clotaire le duché de Dentelin, dont nous avons parlé ci-dessus. Des députés ayant réglé ces conventions entre Théodoric et Clotaire, Théodoric leva une armée.

La dix-septième année de son règne[1], et au mois de mai, l’armée de Théodoric, venant de toutes les provinces du royaume, se rendit à Langres. Marchant par Andelot, après avoir pris Naz, elle s’avança vers la ville de Toul. Théodebert s’étant mis en marche avec une armée d’Austrasiens, ils en vinrent aux mains dans la campagne de Toul. Théodoric vainquit Théodebert, et tailla en pièces son armée ; un grand nombre de braves guerriers furent massacrés. Théodebert ayant pris la fuite, traversa le territoire de Metz, les montagnes des Vosges, et parvint à Cologne. Comme Théodoric le poursuivait avec son armée, le saint apôtre Léonise, évêque de Mayence, qui aimait la vaillance de Théodoric et détestait l’imbécillité de Théodebert, vint vers Théodoric et lui dit : « Achève ce que tu as commencé ; il faut que tu en considères bien la nécessité. Une fable rustique dit qu’un loup étant monté sur une montagne, et ses fils ayant commencé à chasser, il les appela vers lui sur la montagne, leur disant : Aussi loin que votre vue peut s’étendre de chaque côté, vous n’avez point d’amis si ce n’est quelques-uns de votre race. Achevez donc ce que vous avez commencé. » Théodoric ayant traversé avec son armée la forêt des Ardennes, arriva à Tolbiac. Là, Théodebert s’avança contre Théodoric avec des Saxons, des Thuringiens ou d’autres peuples des pays au-delà du Rhin,

  1. En 612.