Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/20

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évêque de Verdun. Ce pontife, qui avait donné sa foi de le représenter, ne vint point avec lui, parce qu’il convenait qu’il parût sans défense devant les rois, afin que, si on jugeait devoir le mettre à mort, il ne fût pas excusé par l’évêque, et que, si on lui accordait la vie, il s’en allât en liberté. Les rois réunis jugèrent Gontran coupable de diverses transgressions ; et ordonnèrent qu’il fut mis à mort. Lorsqu’il apprit cette nouvelle, il courut à la demeure de l’évêque Magneric, ferma les portes, et, ayant rassemblé les clercs et les serviteurs, il dit : « Je sais, très saint évêque, que tu es en grand honneur auprès des rois. Je me réfugie donc près de toi pour sauver ma vie. Voilà que ceux qui doivent me frapper sont à la porte ; apprends donc certainement que, si je n’échappe par ton moyen, je commencerai par te tuer, ensuite je, sortirai et irai à la mort. Sache, et cela sans aucun doute, que nous périrons d’une même mort, ou que nous défendrons ensemble notre vie. Ô saint évêque ! je sais que le fils du roi t’a pour père spirituel, et je n’ignore pas que tu peux obtenir tout ce que tu lui demanderas. Il ne pourra refuser à ta sainteté rien de ce que tu requerras de lui. Obtiens donc mon pardon, ou nous mourrons ensemble. » En disant ces paroles, il tenait à la main son épée nue. L’évêque effrayé lui dit : « Et que puis-je faire si tu me retiens ici ? Laisse-moi sortir pour que j’aille implorer la miséricorde des rois, et peut-être auront-ils pitié de toi. — Non pas, vraiment, dit Gontran, envoie tes vicaires et tes hommes de confiance, pour qu’ils rendent compte de ce que je t’ai dit. » Cependant les choses ne