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DE FRÉDÉGAIRE.

cette affaire sans blâme : ordonne à l’homme qui t’a rapporté ces choses de s’armer, et qu’un autre homme, pour le compte de la reine, s’avance vers lui, afin qu’ils se battent en combat singulier ; on verra par le jugement de Dieu si la reine Gondeberge est coupable ou innocente de cette faute. » Ce conseil ayant plu au roi Charoald et à tous les grands de la cour, il ordonna à Adalulf de s’armer pour le combat, et un cousin de Gondeberge, nommé Pitton, s’avança contre Adalulf. Ayant donc combattu ensemble, Adalulf fut tué par Pitton. Aussitôt Gondeberge fut tirée d’exil après trois ans, et rétablie sur le trône.

La quarante-unième année du règne de Clotaire[1], comme Dagobert régnait heureusement en Austrasie, un certain seigneur de la race des Agilolfinges[2], nommé Chrodoald, encourut le courroux de Dagobert, d’après le conseil du saint évêque Arnoul, de Pépin maire du palais, ainsi que d’autres grands d’Austrasie ; car cet homme, très-riche lui-même, était un continuel ravisseur du bien des autres, plein d’orgueil, d’insolence, et qui n’avait rien de bon. Dagobert voulant le tuer à cause de ses crimes, Chrodoald s’enfuit auprès de Clotaire, le priant de vouloir bien obtenir sa grâce de son fils. Clotaire ayant vu Dagobert, entre autres paroles, lui demanda la vie de Chrodoald ; Dagobert promit que si Chrodoald se corrigeait de ses mauvaises pratiques, il ne courrait pas risque de la vie ; mais aussitôt après, Chrodoald étant venu vers Dagobert, à Trêves, il fut tué sur-le-champ par son ordre. Un homme de

  1. En 624.
  2. Nom de la famille qui donnait aux bavarois des ducs héréditaires.