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DE FRÉDÉGAIRE.

verna tous ses sujets avec tant de bonheur et d’amour pour la justice qu’aucun des rois Francs ses prédécesseurs ne fut loué plus que lui. Il en fut ainsi jusqu’à son arrivée à Paris.

La huitième année de son règne, comme il parcourait l’Austrasie avec une pompe royale, il admit dans son lit une jeune fille, nommée Ragnetrude, dont il eut cette année un fils, nommé Sigebert.

De retour en Neustrie, il se plut dans la résidence de son père Clotaire, et résolut d’y demeurer continuellement. Oubliant alors la justice qu’il avait autrefois aimée, enflammé de cupidité pour les biens des églises et des Leudes, il voulut, avec les dépouilles qu’il amassait de toutes parts, remplir de nouveaux trésors. Adonné outre mesure à la débauche, il avait, comme Salomon, trois reines et une multitude de concubines. Ses reines étaient Nantéchilde, Vulfégonde et Berchilde. Je m’ennuierais d’insérer dans cette chronique les noms de ses concubines, tant elles étaient en grand nombre. Son cœur devint corrompu, et sa pensée s’éloigna de Dieu ; cependant en la suite (et plût à Dieu qu’il eût pu mériter par là les récompenses éternelles !) il distribua des aumônes aux pauvres avec une grande largesse, et, s’il n’eût pas détruit le mérite de ces œuvres par son excessive cupidité, il aurait mérité le royaume des cieux.

Les Leudes gémissaient de la méchanceté de Dagobert ; ce que voyant, Pépin, le plus habile de tous, très-sage dans le conseil, rempli de fidélité et chéri de tous, à cause de cet amour pour la justice qu’il avait inspiré à Dagobert tant que celui-ci l’avait écouté, continua de se montrer équitable, ne s’é-