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DE FRÉDÉGAIRE.

venir vers lui. Sichaire ayant revêtu des habits d’Esclavon, parvint ainsi en présence de Samon, et lui dit tout ce qu’il avait reçu l’ordre de déclarer ; mais, comme il arrive parmi les païens et les méchans orgueilleux, Samon ne répara rien du mal qui avait été commis, disant seulement qu’il avait intention de tenir un plaid pour que la justice fût réciproquement rendue sur ces contestations et d’autres qui s’étaient élevées en même temps. Sichaire, envoyé insensé, adressa alors à Samon des paroles et des menaces qu’on ne lui avait point ordonné de faire, disant que lui et son peuple devaient soumission à Dagobert. Samon offensé lui répondit : « La terre que nous habitons est à Dagobert, et nous sommes ses hommes, mais à condition qu’il voudra conserver amitié avec nous. » Sichaire dit : « Il n’est pas possible que des Chrétiens, serviteurs de Dieu, fassent amitié avec des chiens. » Samon lui répliqua alors : « Si Vous êtes les serviteurs de Dieu, nous sommes les chiens de Dieu ; et puisque vous agissez continuellement contre lui, nous avons reçu la permission de vous déchirer à coups de dents. » Et Sichaire fut chassé hors de la présence de Samon.

Lorsqu’il vint annoncer ces choses à Dagobert, celui-ci ordonna avec orgueil de lever, dans tout le royaume d’Austrasie, une armée contre Samon et les Wénèdes ; trois troupes marchèrent alors contre eux. Les Lombards, à l’appui de Dagobert, s’avancèrent de leur côté. Les Esclavons de tous les pays se préparèrent à résister. Une armée d’Allemands, commandée par le duc Chrodobert, remporta une victoire dans les lieux où elle entra. Les Lombards rempor-