Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/25

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dire, dans la ville de Reims, Villulf, citoyen de Poitiers, plein de fièvre, et travaillé de cette maladie. Il allait à Paris avec le fils de sa femme ; il continua son chemin dans une grande faiblesse, et mourut au village de Ruel, après avoir fait son testament. L’enfant, attaqué de la même maladie, mourut aussi. Tous deux furent rapportés et enterrés ensemble dans le territoire de Poitiers. La femme de Villulf épousa pour troisième mari le fils du duc Beppolène, qui, de notoriété publique, avait déjà deux femmes vivantes qu’il avait abandonnées. Il était léger et débauché, et, emporté par l’ardeur de la fornication, il laissait sa femme pour coucher avec ses servantes ; et, détestant le lit conjugal, il en cherchait d’autres. C’était ainsi qu’il s’était conduit avec sa seconde femme, et se conduisit avec la troisième, ignorant que « la corruption ne possédera point cet héritage incorruptible[1]. xiv »

Ægidius, évêque de la ville de Reims, ayant été, soupçonné de ce même crime de lèse-majesté, pour lequel avaient été tués ceux dont j’ai parlé plus haut, se rendit avec de grands présents vers le roi Childebert. Il lui avait été prêté serment auparavant, dans la basilique de Saint-Rémi, qu’on ne lui ferait aucun mal en route. Le roi l’accueillit, et le renvoya raccommodé avec lui. Il fit aussi la paix avec le duc Loup qui, comme nous l’avons dit, avait été dépouillé, à son instigation, du duché de Champagne ; ce qui excita un grand déplaisir dans le roi Gontran, parce que Loup lui avait promis de ne faire jamais la

  1. 1re Epit. de S. Paul aux Corinth. chap. 15, v. 50