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VIE DE DAGOBERT Ier.

concéder. Les deux rois choisirent douze Francs, pour que leur jugement mît fin à ce débat. De ce nombre était, avec d’autres évêques, le seigneur Arnoul, évêque de Metz, et, selon l’inspiration de sa sainteté, il parlait avec une grande douceur, pour rétablir la concorde entre le père et le fils. Enfin les évêques et les hommes sages pacifièrent les deux rois, et Clotaire rendant à Dagobert tout ce qui appartenait au royaume des Austrasiens, ne retint que ce qui était situé au-delà de la Loire et du côté de la Provence.

Dagobert, jeune et beau, habile et brave, doué de tous les talens, partit avec le duc Pépin pour aller gouverner l’Austrasie. Les Francs de l’Austrasie supérieure, se réunissant avec les autres en un seul royaume, le prirent pour leur roi. En ce temps-là les Saxons rebelles, et conduits par leur duc Bertoald, soulevèrent contre Dagobert les troupes de diverses nations. Dagobert ayant rassemblé une armée aussi nombreuse qu’il le put, passa le Rhin en personne, et n’hésita point à aller attaquer les Saxons. Ils combattirent vaillamment. Dagobert reçut sur son casque un coup qui lui coupa un morceau de peau de la tête avec des cheveux. Son porte-armes, Adtira, qui se tenait derrière lui, ramassa le morceau tombé. Dagobert voyant son armée en mauvais état, dit à ce jeune homme : « Hâte-toi, emporte ces cheveux de ma tête, et vas annoncer à mon père ce qui se passe, afin qu’il vienne à notre secours avant que l’armée toute entière soit détruite. » Adtira, prenant sa course, passa le Rhin et arriva à Glare, dans la forêt des Ardennes, où se trouvait alors le roi