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VIE DE DAGOBERT Ier.

rieux monumens qu’aucun temps ne pourra abolir. Arrivant donc à la mort de ce sage roi, je raconterai en peu de mots ce qu’il fit dans sa maladie, et un miracle qui arriva après sa mort, et que j’ai trouvé dans une vieille charte écrite, dit-on, par l’évêque saint Ouen. Après avoir gouverné glorieusement son royaume, la seizième année de son règne, Dagobert commença à être malade d’un flux de ventre, dans sa maison d’Épinay, aux bords de la Seine, et non loin de Paris. Il fut transporté de là à la basilique de Saint-Denis. Au bout de peu de jours, se sentant dans un péril imminent, il ordonna qu’on fît venir en toute hâte son conseiller Æga. Il lui recommanda la reine Nantéchilde et son fils Clovis, ajoutant que, sur le point de mourir, il tenait sa sagesse en grande estime, et souhaitait qu’avec son aide, son fils pût gouverner heureusement le royaume. Ayant ensuite convoqué les principaux du palais, il leur recommanda pareillement sa femme et son fils, en leur faisant prêter serment de fidélité, selon la coutume, et fit dresser, au profit des marguilliers de la basilique des saints martyrs, une donation des domaines d’Aguisi, de Coudun, de Grandvillé, de Moinsvillé, de Gelles, et y fit insérer également celle du domaine de Sarcelles, qu’il leur avait déjà donné. Tous les grands étant consternés de douleur, il les consola avec bonté et du mieux qu’il put, disant, entre autres choses qu’il serait trop long de rapporter : « Quoique les misérables mortels doivent toujours avoir devant les yeux, pendant qu’ils sont en santé, le jugement à venir du Dieu tout-puissant, cependant, au milieu de la maladie, il ne faut nullement dé-