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VIE DE DAGOBERT Ier.

ennemis du genre humain poursuivaient de toutes leurs forces l’ame qu’ils tourmentaient de leurs coups et de leurs menaces ; mais les saints, l’ayant saisie, l’enlevèrent avec eux au ciel en chantant : « Heureux, ô Seigneur, celui que vous avez choisi et pris à votre service il demeurera dans votre temple ; nous serons remplis des biens de votre maison. Votre temple est saint ; il est admirable à cause de la justice et de l’équité qui y régnent[1].  » Ces choses se trouvent, entre beaucoup d’autres, dans l’écrit dont nous avons parlé, et elles paraîtront, je crois, moins vraisemblables qu’elles ne sont vraies. Le roi Dagobert ayant enrichi un grand nombre d’églises, mais surtout celles des saints que je viens de nommer, il était naturel qu’il invoquât après sa mort le secours de ceux dont il avait particulièrement éprouvé la faveur.

Après la mort du roi Dagobert, son fils Clovis[2], d’un âge encore tendre, prit possession du royaume de son père. Tous les ducs de Neustrie et de Bourgogne l’élevèrent au pouvoir dans le domaine de Maslay[3]. Dans les deux premières années de ce règne, Æga, qui avait été conseiller du roi Dagobert, gouverna sagement le palais et le royaume, de concert avec la reine Nantéchilde qui avait survécu audit roi. Il surpassait tous les autres grands de Neustrie en patience et en sagesse. Il était de race noble, riche en biens, cherchant la justice, habile à parler, et toujours prêt à répondre : cependant beaucoup de gens le blâmaient, parce qu’il était adonné à l’avarice.

  1. Psaum. 64, v. 4 et 5.
  2. Clovis II.
  3. Près de Sens.