Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du roi Gontran. Tranquille, femme de Sichaire, ayant laissé ses fils et ses richesses à Tours ou à Poitiers, alla chez ses parents dans le bourg de Merobesxx, et s’y maria. Sichaire mourut vers l’âge de quarante ans ; il avait été, durant sa vie, inconsidéré, ivrogne, porté au meurtre, et, dans son ivresse, il avait causé à plusieurs beaucoup de dommages. Chramnisinde retourna de nouveau vers le roi, et l’on prononça qu’il serait obligé de prouver que Sichaire avait tué les siens, ce qu’il fit. Mais comme Sichaire était sous la garantie de la reine Brunehault, ainsi que nous l’avons dit, on ordonna que les biens de Chramnisinde fussent confisqués. Mais le domestique Flavien les lui rendit par la suite ; et, comme il allait à Agen, il lui donna des lettres pour empêcher que personne ne lui fit du mal : la reine avait concédé ses biens à Flavien.

Dans cette année, la treizième du roi Childebert [en 588], comme nous étions en route vers la ville de Metz pour nous rendre auprès du roi, nous reçûmes l’ordre d’aller en ambassade vers le roi Gontran. Nous le trouvâmes dans la ville de Chalons et nous lui dîmes : « Ton très glorieux neveu Childebert t’envoie, ô illustre roi, un très ample salut, et te rend des grâces infinies de ta bonté, parce que tu ne cesses de lui donner des avis pour qu’il fasse ce qui plaît à Dieu et ce qui peut t’être agréable et convenir aux peuples. Il promet d’accomplir toutes les choses dont vous avez parlé ensemble et de ne violer aucun des engagements pris entre vous. Alors le roi dit : Je n’ai pas également à lui rendre grâces, quand il viole à ce point tout ce qu’il m’a promis. Il ne m’a pas rendu, comme il le devait, ma part de la